LA TAILLE DES PIERRES DE COULEURS | FR
Le lapidaire est le terme approprié pour définir celui qui taille des pierres de couleur. Celui qui exerce ce métier se nomme un lapidaire. Ce travail se différencie complètement de celui du tailleur de diamant. La technique ainsi que les différentes propriétés chimiques, optiques et physiques sont différentes.
De tout temps, l'homme a voulu polir des gemmes, soit par plaisir, soit dans le but de les offrir.
LE FACETTAGE
La taille des facettes des pierres de couleur est une technique très différente de la taille du diamant. Les disques, les poudres et le serti, y jouent un rôle très important, mais l'élément principal dans les pierres de couleurs est l'orientation de la pierre que l'on veut tailler. On cherche d'abord l'axe d'optique qui est déterminant pour la couleur (ainsi que les zones de couleur) et ceci avant de déterminer la forme ou le poids.
Le lapidaire est confronté à d'épineux problèmes : comment obtenir la meilleure couleur? Quelle forme choisir (poire. marquise. ovale. etc.)? Comment perdre le minimum de poids lors de la taille? Il faut en outre tenir compte du plan de clivage qui est toujours le point faible de la pierre.
La couleur peut être gardée intense ou même améliorée par un lapidaire expérimenté, mais risque d'être totalement perdue par un amateur. Une couleur trop sombre peut être éclaircie par la taille, une couleur trop pâle peut être assombrie.
Ces connaissances ne s'acquièrent qu'après de longues années d'expérience. La machine servant au lapidage est très simple: un disque et un support. Dans le système classique employé par les premiers lapidaires et encore utilisé actuellement, le support consiste en une planchette de bois recourbée contenant un certain nombre de petits trous. La pierre sertie sur une tige en bois de 10à 15 cm de longueur et dont l’extrémité se termine en pointe est enfoncée dans un trou selon l'angle désiré.
La pierre est sertie sur cette tige de la même façon que pour la taille des cabochons avec de la cire (kit) et doit se faire de manière très minutieuse. Le système primitif exige de la part du lapidaire énormément de dextérité et une longue pratique (2à3ans). Pour celui qui maitrise cette technique, le procédé est rapide et efficace. Actuellement on emploie des pinces ou des bras mécaniques comme pour la taille du diamant. La pierre est sertie sur un dop, tige métallique de quelques centimètres. Celle-ci est fixée dans une pince contenant des subdivisions pour l'angle et le placement des facettes.
On taille le bas de la pierre (première phase), la table de celle-ci étant collée contre le dop, ensuite on détache la pierre pour la resertir inversement. Pour tailler le haut et la table, la préforme (le brutage) est faite sur la même machine. (Ceci est aussi valable pour la forme brillant, poire, marquise ou ovale). L'élément le plus important est le disque. Actuellement, ceux ci sont tous diamantés et de granulation différente. Ainsi, on emploiera pour la préforme un disque fort abrasif (100 ou 120). Pour la taille on préconise un disque de 1200 et pour le pré polissage un disque de 3000. Lorsque la pierre est taillée, elle peut être polie à l'aide d'un disque bien spécifique d'après la sorte de minéral que l’on taille, avec le cuivre, l'étain, le bois, le plastique, etc... Chaque pierre demande, une poudre de polissage bien définie. Pour le quartz l’on emploie de l'oxyde de cérium, pour les corindons de la poudre de diamant de 15000 à 50000 MESH.
Comme poudre de polissage, notons aussi l'oxyde d'étain, le tripel, la diamantine (qui n'est pas de la poudre de diamant), l'oxyde de chrome, etc... L'emploi de différents disques et poudre exige des soins méticuleux afin d'éliminer tous les risques de contamination qui pourraient être catastrophiques, tant pour la taille que pour le polissage (des grains plus gros restés sur le disque abîment la pierre dans les phases suivantes). L’atelier doit aussi être exempt de poussières. La vitesse de rotation des disques est bien définie pour chaque pierre. Par exemple une opale sera taillée moins rapidement qu'un quartz ou un corindon (minéraux plus durs 7 à 9 à l'échelle de Mohs). Aussi la vitesse de taille et polissage est bien différente.
Le refroidissement du disque de taille est constant. L'eau coule, goutte à goutte sur le disque pour le refroidir. La pierre risquerait non seulement de se détacher mais aussi de gripper le disque asséché. Dans certains cas, la pierre se brise par suite d’une surchauffe, d’une tension interne ou des déchirures naturelles.
Lors du polissage, la poudre doit être humide et ajoutée régulièrement. Certains types d'appareils de taille des pierres de couleur sont d'une telle précision qu'ils sont munis d'un contrôle électronique des angles. D'autres sont des adaptations des nouvelles pinces de précisions du diamant (pince américaine).
Dans le cas des pierres synthétiques et de couleurs (semi-précieuses) où la matière est peu onéreuse, la taille est entièrement automatisée, la seule phase manuelle est le sertissage et le déssertissage. Le calibrage, la préforme, la taille et le polissage sont complètement automatisés et permettent de traiter de 150 à 200 pierres par heure. C'est la riposte aux pays à bas salaires, comme le Brésil ou l’Inde où l'on taille des pierres extrêmement bon marché. Mais la taille en est médiocre.
Certaines pierres gemmes taillées en Extrême Orient sont régulièrement retaillées dans des tailleries spécialisées en France, en Suisse ou en Belgique.
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