LA TAILLE DES PIERRES DE COULEURS | FR
Le lapidaire est le terme approprié pour définir celui qui taille des pierres de couleur. Celui qui exerce ce métier se nomme un lapidaire. Ce travail se différencie complètement de celui du tailleur de diamant. La technique ainsi que les différentes propriétés chimiques, optiques et physiques sont différentes.
De tout temps, l'homme a voulu polir des gemmes, soit par plaisir, soit dans le but de les offrir.
LA TAILLE CABOCHON
C'est la plus ancienne des tailles, déjà pratiquée en Mésopotamie et plus tard en Égypte ancienne, de formes très variées et déjà fort bien polies. Ainsi furent taillés des malachites, turquoise, cornalines, onyx, grenat, obsidiennes, du quartz mais surtout du lapis-lazuli. Aux Indes, on taillait les jades, jaspes, les émeraudes, et plus tard les rubis
La taille en cabochon est typique pour les pierres dures et les minéraux. En d'autres termes elle se pratique sur des pierres opaques et translucides. On taille en cabochon des rubis, saphir, émeraude et d'autres pierres transparentes quand celles-ci ne sont pas assez pures pour le facettage. La forme la plus courante pour les cabochons est l'ovale plat en-dessous et bombée au-dessus, soit un demi dôme. Les autres formes sont variées à l'infini en partant de la demi-sphère aux formes les plus baroques: croix. étoiles, demi lune et toutes formes géométriques possibles.
La taille proprement dite Lorsque la pierre a été sciée dans la forme la plus proche du modèle désiré, on taille la face inférieure de la pierre afin d'obtenir une surface bien plane et lisse. Celle-ci se taille à main libre contre une meule en carborundum gros grain, ensuite le grain moyen (pour la surface voulue) et enfin le grain fin.
La phase suivante est l'emploi du « soufrin », qui est une fine bande contournant la pierre sur le rondiste ou circonférence à ± 40°. Cette méthode élimine le risque d'abimer les bords de la pierre qui, si elle était droite, pourrait s'effriter lors du sertissage. Le lapidaire ayant une très longue expérience et une grande dextérité peut se permettre de tailler le dessous de la pierre à la main, car en général on sertit tout d'abord sur une tige en bois ou en métal (ce qui permet une meilleure prise sur la pierre).
Le sertissage se pratique au moyen d'un « kit ", genre de cire laque de forte résistance se ramollissant au contact de la chaleur, mais elle se durcit en refroidissant (même principe que pour le sertissage des diamants lors du débrutage).
La pierre à sertir dort être dégraissée et propre. On emploie généralement du méthanol, la pierre est chauffée progressivement sur une plaque, tandis que l'on prépare la tige en bois qui devra servir de support. On trempe celui-ci dans la cire fondue qui s'agglutine immédiatement autour de la tige. On étend la cire tout autour à égale épaisseur que l'on fait remonter en un col.
Entre-temps, la pierre est chaude et est déposée à l'aide d'une pince sur le col chaud du dop (la tige en bois). Tant que le kit est chaud, il reste malléable ce qui permet de sertir la pierre perpendiculairement et horizontalement à la tige, ce qui est très important par la suite.
Une fois proprement serti, le kit bien uniformément étalé autour de la tige et de la pierre ne laisse paraitre que la partie à tailler. Le tout peut alors refroidir lentement.
Afin d'avoir les mesures exactes, largeur et longueur, on dessine la forme désirée grâce à des chablons métalliques où sont découpées des mesures standardisées, calibrées qui sont déposées sur la pierre brute ou sciées avec une tige en acier ou en cuivre.
Lorsque la pierre sertie est complètement refroidie, on peut tailler le bas de la pierre (la partie supérieure se trouvant dans la cire) en suivant le dessin tracé au chablon. Par la suite, on dessertira celle-ci pour la resertir afin de tailler le dessus, c'est-à-dire la partie bombée.
La première roue de carborundum est la plus rugueuse, donc celle qui enlèvera le plus de matière en un minimum de temps. Lorsque la forme désirée est obtenue on passera la pierre au carborundum plus fin afin d'égaliser la surface et de pouvoir polir sur une roue en bois ou en bakélite.
Toute l'opération est exécutée sous ruissellement d'eau, La brillance et le lustre sont obtenus sur une roue en feutre ou en cuir à laquelle on ajoute de la poudre de polissage qui varie selon la pierre que l'on désire polir: oxyde de cérium, oxyde d'étain, ou diamantine (qui n'est pas de la poudre de diamant), ou des poudres vertes ou rouges bien connues des Joailliers.
Certaines roues de taille sont de formes incurvées, ce qui facilite la taille arrondie du cabochon.
La manipulation de la tige sertie de la pierre est la plus importante. C'est ici que le lapidaire déploie toute sa dextérité et son expérience. Le mouvement de va-et-vient ou de rotation contre la meule varie d'un lapidaire à un autre (technique américaine); la rotation est propre à la technique allemande.
La pierre se dessertit par échauffement de la cire, le nettoyage se fait au méthanol.
L'achèvement de la pierre est contrôlé sous une lampe néon que l'on fait miroiter sur toute la surface de la pierre, ce qui permet de déceler les moindres défauts.
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