LA TAILLE DES PIERRES DE COULEURS | FR
Le lapidaire est le terme approprié pour définir celui qui taille des pierres de couleur. Celui qui exerce ce métier se nomme un lapidaire. Ce travail se différencie complètement de celui du tailleur de diamant. La technique ainsi que les différentes propriétés chimiques, optiques et physiques sont différentes.
De tout temps, l'homme a voulu polir des gemmes, soit par plaisir, soit dans le but de les offrir.
Le polissage en tonneau
Dans les rivières ou ruisseaux, aussi bien qu'aux bords de la mer nous voyons des galets qui roulent l'un sur l'autre, soit par le ressac, soit par le courant. Ce processus a pour résultat de former après des centaines, voir des milliers d'années des pierres arrondies de belles formes. On trouve ainsi de très beaux spécimens dans certaines régions. C'est ce principe qui fut à la base du « tumbling » ou polissage au tonneau. On construisait de grands cylindres hexagonaux en bois de 1 à 2 m de longueur et d'un diamètre de ± 50 cm. On introduisait ainsi les pierres à polir à environ la moitié de la capacité du tonneau auquel on ajoute de la poudre de carborundum gros grain et de l'eau, afin que les pierres soient tout juste immergées. La suite des opérations est simplement la mise en rotation du tonneau pendant plusieurs jours et nuits.
Il faut que la dureté des pierres soit identique. Ainsi on peut mélanger sans problèmes les quartz (améthyste, citrines, cristal de roche, etc.). La durée de rotation peut varier de 5 à 10 jours à une vitesse de 50 tours/min. Après le 1er cycle de rotation on déverse le contenu dans un récipient afin de récupérer la poudre de carborundum pour la prochaine fois. Celle-ci est facilement récupérable grâce à son poids spécifique élevé, elle se dépose rapidement et on peut déverser l'eau en gardant la poudre. Après avoir rincé les pierres, on passe à la deuxième opération qui consiste à ajouter une poudre plus fine toujours avec une quantité d'eau suffisante.
La durée de rotation est la même. On passe successivement à 4 opérations identiques avec des poudres de carbure de silice de plus en plus fines.
La dernière est le polissage proprement dit. La poudre de carborundum est remplacée par une poudre de polissage, oxyde de cérium, oxyde d'étain, de zinc, etc. Certains commerces spécialisés en offrent une large gamme pour chaque type de pierre à polir. Certains ajoutent à la poudre une petite quantité de poudre à lessiver biologique ou autre additif (dont le secret est jalousement gardé) ceci afin de donner un meilleur lustre.
Pour l'amateur, on trouve dans le commerce des petits tonneaux en caoutchouc fermés hermétiquement de 1/2 litre entraînés par un petit moteur électrique de 25 W. Ceux de 50 l sont cylindriques, mais l'intérieur en est hexagonal afin de faire rouler les différentes parties l'une sur l'autre. D'autres tonneaux sont en polyester et placés en série de 3 à 5. Pour chaque stade différent, on emploie un autre tonneau afin d'éliminer le risque de contamination d'une poudre à l'autre. Le tonneau n'est plus employé que par l'amateur. Dans l'industrie les vibrateurs les ont remplacés. Ceux-ci sont plus efficaces et plus rapides. Le principe n'est plus basé sur la rotation d'un récipient mais sur sa vibration. Les pierres sont frottées les unes contre les autres et mélangées à la poudre de carborundum. C'est le même système que pour les plateaux vibrateurs que l'on emploie pour polir les géodes et les plaques de minéraux sciés. Dans ce dernier cas, on utilise un plateau circulaire dont le fond est rugueux et contient de la boue de carborundum et dont les bords sont recouverts de caoutchouc afin de ne pas abîmer les pièces déposées qui par la suite des vibrations se frottent contre le fond du plateau. Celui-ci est monté sur boules en caoutchouc, transmettant des vibrations par moteur électrique. Le procédé est identique pour la suite des opérations. On change plusieurs fois de poudre pour terminer par celle de polissage.
Les pierres sortant finalement du tonneau sont de formes baroques, bien polies et sont employées dans la bijouterie de fantaisie (pendentif ou bague). On retrouve aussi ces pierres dans les extrémités de couverts en argent, ouvre bouteille, coupe papier, etc. (spécialité d'Idar-Oberstein).
Le polissage en tonneau est un passe-temps idéal pour l'amateur collectionneur. Il se familiarise très rapidement avec cette technique. Il suffit de suivre quelques règles pratiques et d'être très méticuleux lors du transvasement des différentes poudres pour avoir de bons résultats. L'investissement est minime et les commerces spécialisés offrent une large gamme d'appareils des prix démocratiques. Les amateurs lapidaires peuvent débuter avec cet appareillage simplifié.
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