LODE (LOUIS) VAN (DE) BERQUEM | FR
Tout Anversois ou visiteur de la ville d'Anvers a vu le bas relief qui orne le coin de la Jezusstraat et Leysstraat. Par contre, peu savent les controverses au sujet de la découverte de la taille du diamant.
Mise en doute de son existence par les uns, il n'aurait que divulguer les secrets jalousement gardés d'une corporation pour les autres. Ayant parcouru plusieurs livres anciens, historiques, sur les pierres précieuses ou le diamant, l'on est intrigué par la régularité de la présence du Brugeois lié à la découverte de la taille du diamant. Ajoutons que les descriptions faites avant 1470 ne font mention que de parure ornée de diamant brut ou "naïf".
Après avoir découvert la technique de taille, soit l'usure des faces du diamant par la poudre de diamant sur une meule, Lode Van Berquem quitta Bruges pour s'établir à Anvers où il tailla avec ses compagnons (guilde) selon cette technique 3 diamants célèbres.
A ce sujet son petit-fils Robert Van Berquem nous dit: "Le ciel loua Louis de Berquem, qui était natif de Bruges, comme un autre Bezellée, de cet esprit singulier au génie, pour en trouver de lui-même l'invention et en venir heureusement à bout. Son père, qui le destinait à tout autre occupation, l'envoya à l'université de Paris pour étudier les belles-lettres humaines. Mais comme son esprit était de la trempe de ces autres esprits méditatifs, que la force de l'imagination comporte bien avant, il n'y fit aucun progrès: tout au contraire il consomma tout son temps en mille et mille gentillesses et inventions entièrement éloignées de l'application que doit avoir nécessairement un écolier. « Le père, averti, le rappelle en sa maison, et le voyant occupé en des machines et en des préparatifs tellement extraordinaires qu'on n'en pouvait du tout point prévoir l'usage (qu'il avait fait faire en France et qu'il avait apportés avec lui), il lui laissa toute l'étendue de son esprit, pour pouvoir dans une pleine liberté exécuter quelque chose de grand. Ce père était noble aussi bien d'humeur que de race; et comme en son pays aussi bien qu'en Allemagne, Pologne, Italie et ailleurs on juge plus équitablement de la noblesse qu'on ne fait en France, dans tout lesquels pays on tient que c'est proprement le vice et l'oisiveté qui y déroge et non le trafic et tout autre exercice honnête, il laissa agir son fils, lequel, pour bien dire, ne fit rien au préjudice de sa naissance ». Ce fils, Louis de Berquem, fit l'épreuve de ce qu'il s'était mis en pensée dès le commencement de ses études. Il mit deux diamants sur le ciment, et après les avoir égrisés l'un contre l'autre, il vit manifestement que, par le moyen de la poudre qui en tombait, et à l'aide du moulin et certaines roues de fer qu'il avait inventés, il pourrait venir à bout de les polir parfaitement, même de les tailler en telle manière qu'il voudrait. En effet, il l'exécuta si heureusement depuis, que cette invention dès sa naissance eut tout le crédit qu'elle a eu depuis, qui est l'unique que nous ayons aujourd'hui. En même temps, Charles, dernier duc de Bourgogne, à qui on en avait fait récit, lui mit trois grands diamants entre les mains pour les tailler avantageusement suivant son adresse. Il les tailla dès aussitôt, l'un épais, l'autre faible et le troisième en triangle; et il y réussit si bien que le duc, ravi d'une invention si surprenante, lui donna 3000 ducats pour récompense.
« Puis ce prince, comme il les trouvait tout à fait beaux et rares, fit présent de celui qui était faible au pape Sixte IV, et de celui en forme de triangle et d'un coeur réduit dans un anneau et tenu de deux mains, pour symbole de foi, au roi Louis XI, duquel il recherchait alors la bonne intelligence, et quant au troisième, qui était la pierre épaisse, il le garda pour soi et le porta toujours au doigt, en sorte qu'il l'y avait encore quand il fut tué devant Nancy (il fut à moitié dévoré par des loups et ce n’est que grâce à cette bague que l’on a pu le reconnaitre) , un an après qu'il les eût fait tailler, savoir en l'année 1477".
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