LODE (LOUIS) VAN (DE) BERQUEM | FR
Tout Anversois ou visiteur de la ville d'Anvers a vu le bas relief qui orne le coin de la Jezusstraat et Leysstraat. Par contre, peu savent les controverses au sujet de la découverte de la taille du diamant.
Mise en doute de son existence par les uns, il n'aurait que divulguer les secrets jalousement gardés d'une corporation pour les autres. Ayant parcouru plusieurs livres anciens, historiques, sur les pierres précieuses ou le diamant, l'on est intrigué par la régularité de la présence du Brugeois lié à la découverte de la taille du diamant. Ajoutons que les descriptions faites avant 1470 ne font mention que de parure ornée de diamant brut ou "naïf".
Il est un fait que la découverte de la taille du diamant sur un disque en fer enduit de poudre de diamant (comme on le fait encore actuellement) se situe au début du 15e siècle. Tout porte à croire que la figure légendaire de Louis de Berquem est au contraire un fait réel.
Les recherches dans les registres de la ville de Bruges ont donné quelques fois le nom de la famille sans toutefois préciser s'il s'agissait du tailleur de diamant. D'autre part, l'on ne trouve aucune trace de taille de cette gemme avant sa naissance. Si l'on parle de diamants, ils sont à l'état fort présumés de brut. L'on ne parle jamais dans les anciens écrits des "feux" du diamant, qui est le résultat typique de la taille.
La cape de Charlemagne avait une agrafe ornée de "4 diamants bruts". Dans l'inventaire des ducs de Bourgogne en 1432 l'on lit sous le numéro 03131: "un collier d’or, de feuilles branlantes, garny de XII pointes de diamants naïfs à XXII transes de perles".
Naïfs est un mot encore employé actuellement dans le secteur diamantaire aussi bien en français qu'en flamand signifiant un naturel ou une partie brute d'un diamant taillé. Dans son livre "Les diamants célèbres" Maurice E. Giard nous dit au sujet de Pline l'Ancien: "Auparavant, on (le diamant) le confondait avec d'autres gemmes translucides et incolores, en particulier avec le cristal de roche, parfaitement limpide, mais beaucoup plus tendre, ou avec les béryls incolores, car on ne savait pas le tailler". Se basant sur des écrits de Pline l'Ancien certains argumentent l'existence de la taille avant Lode Van Berquem . "Alio adamante perforari potest". L'on peut perforer un diamant avec un autre. L'on peut, sans peine contre argumenter que le diamant dont parle Pline a de forte chance de n'être qu'un zircon, un quartz, un béryl blanc, un saphir incolore, etc. ... L'expertise actuelle pour un non professionnel est encore aussi aléatoire que 19 siècles plus tôt, ainsi personne ne peut lui faire de reproches. Ceci serait au contraire un argument en faveur de notre lapidaire brugeois. Effectivement comment expliquer qu'une technique découverte au début de notre ère dût attendre 14 siècles pour être mise en application ?
En plus il parle de perforation au lieu de taille ou polissage. Henri Jacobs nous dit il y a déjà plus de 100 ans « Jamais les anciens n'ont parlé des feux du diamant, et cependant aucune gemme ne peut lui être comparée; aucune ne présente à un si haut point et avec autant d'intensité les phénomènes d'irisation, d'éclat, de réflexion, de réfraction, de dispersion, que nous avons décrits. C'est que les anciens ne savaient pas le tailler! » Le diamant, quand il est brut, alors même que sa cristallisation est parfaite, et que ses faces sont tout à fait limpides, n'a d'extraordinaire que sa dureté jointe à toutes les propriétés magiques qu'on lui prêtait. De toutes les qualités qui font du diamant taillé la plus incomparablement belle de toutes les pierres précieuses, il n'en est jamais parlé. Est-ce à dire que les propriétés optiques des gemmes n’aient guère intéressé nos aïeux? La lumière du rubis taillé est d'une nature si extraordinaire que rien ne peut l'arrêter, qu'elle brille même au travers des vêtements les plus épais écrit Saint-Épiphane. Si l'on aurait connu le diamant taillé déjà en cette période les écrits en auraient certainement parlé en termes émerveillés. La forme générale et le placement des facettes ne sont pas l'invention de Lode Van Berquem car cette symétrie basée sur la réflexion de la lumière était déjà appliquée par les tailleurs de rubis brugeois et anversois.
|