DIAMANT NATUREL OU SYNTHETIQUE | FR
Depuis deux décennies le secteur diamantaire est confronté à une véritable révolution. Les diamants synthétiques qui étaient exclusivement utilisés dans l’industrie ont fait leurs apparitions sur le marché de la joaillerie. Actuellement aux États-Unis certains bijoutiers vendent des collections bijoux exclusivement avec des diamants synthétiques. Le prix des appareils de fabrication du diamant synthétique devient (presque) à la portée des PME. Ainsi des usines de fabrication de masse, aux États-Unis, en Chine, aux Japon, en Corée… ont des centaines de « casseroles à pression » qui « pompent » 24h sur 24 et 7 jours surs sur 7. Le résultat est que les prix chutent à plus de 80% du diamant naturel (pour le moment).
Il n’y a aucun problème tant que le consommateur est averti qu’il s’agit d’un diamant naturel ou synthétique, c’est son choix. Par contre le risque est toujours possible qu’un détaillant peu scrupuleux vendrait un diamant synthétique sans mettre son client au courant.
D’autre part les bureaux de certifications (HRD, GIA et IGI) jouent le jeu (le marché devient juteux) et émettent des « certificat d’authenticité » pour les diamants synthétiques qui sont identiques (sauf le couleur du papier) aux certificats des diamants naturels. A l’exception d’une mention « Lab-grown » rien ne distinct les certificats d’un diamant naturel (faut savoir). Heureusement qu’un tribunal Allemand a strictement interdit la mention « diamant de culture », qui fait référence au perles, où une bille est introduite dans l’huitre, qui à son tour va l’enrober et ainsi après plusieurs mois créer une perle. Dans le cas du diamant synthétique, le tout est fabriqué dans une usine de production, la nature n’y est pour rien. La différence entre un diamant naturel qui s’est créée en millions d’années dans les entrailles de notre Terre ou un synthétique né en quelques jours n’est malheureusement pas visible à l’œil ni au microscope.
Il existe actuellement deux techniques pour obtenir du diamant synthétique de qualité gemme : le procédé HPHT et le procédé CVD
Synthèses HPHT.
Les diamants de synthèse ont été produits, depuis 1955, par le procédé HPHT (Haute Pression et Haute Température) reproduisant en laboratoire les conditions identiques dans lesquelles les diamants naturels se sont formés. Du carbone est soumise aux conditions HPHT nécessaires à la stabilité du diamant, typiquement 1300 à 1400 °C et 50 à 60 kbar (c.a.d. +/- 50 à 60 000 atmosphères). Des germes permettent d’obtenir des cristaux assez gros, plutôt qu’une multitude de tous petits cristaux.
Les premiers appareils avaient une hauteur d’une maison à 2 étages, actuellement la taille est réduite à celle d’une grosse lessiveuse. La croissance est une croissance en solution, cependant la solution n’est pas de l’eau, mais du métal fondu qui servira de catalyseur. Ce métal est selon les fabricants, du nickel ou un alliage fer-nickel, le manganèse et le cobalt étant également utilisés dans certains l’alliages
La production de monocristaux ayant les qualités requises pour un emploi en joaillerie ne fut annoncée qu’en 1970. Les cristaux ainsi formés ont un facies cubo-octaédrique. Ils présentent des sections de croissance caractéristiques résultant de leur formation dans un alliage métallique, inconnus dans les diamants naturels. Ces cristaux sont produits majoritairement avec des poids allant de 1 à 4 cts.
La grande majorité de ces cristaux est jaune, orange, ou brun à cause de la présence d’azote isolé dans la structure cristalline. Il est possible d’obtenir des cristaux incolores ou même bleus mais au prix d’une croissance plus délicate et plus lente. L’on devra éliminer l’azote (pour obtenir une pierre incolore) et ajouter du bore (pour obtenir une pierre bleue). Des quantités commerciales de diamant synthétique sont présentes sur le marché, essentiellement des pierres jaunes, plus faciles à obtenir, mais aussi à identifier. Dans la production HPHT notons la firme Gemesis en Floride, une des premières usines, créée par un général américain en retraite, Carter Clarke, qui fabrique des diamants de couleurs jaunes mais aussi des bleus et des roses. La première presse du général venant de Russie lui coûta 57000$. Actuellement plusieurs firmes sont en compétition : Adamas, AOTC Advanced Optical Technologies Corporation(NL), Centaurus Diamond Technologies Inc., Chatham, EAG coating, Gemesis New York, New Age Diamonds, Scio Diamond Technology Corp. (Apollo), Tiarus (Thailand) a joint-venture avec la Russian Academy of Sciences, TAKARA (Japon), Washington Diamonds et IIa Technologies Pte à Singapore avec 20.000 m2 de « casseroles ».
Pour l’anecdote, citons la trouvaille ingénieuse de la firme Gemlife à Chicago il y a une dizaine d’années. Elle propose au conjoint de conserver les cendres du défunt. La firme utilise les cendres après une incinération spéciale pour les transformer après plusieurs semaines en un diamant en utilisant le procédé HPHT. Le diamant de plus ou moins 1 carat coûtait au départ 20.000$ mais suite à une plus grande production, les prix baissent régulièrement. La firme pourrait fabriquer jusqu'à 50 petits diamants à partir d’un être humain. Le succès est énorme au Etats-Unis si bien que la firme a même créé une filiale en Hollande. Non seulement la fabrication est prévue pour l’époux mais aussi les animaux de famille. Une firme Russe « New Age Diamond » propose de fabriquer du diamant à partir des cheveux même d’un nouveau-né. Notons au passage qu’aucune technique ne permet de s’assurer que le diamant est bien formé à partir de carbone issu de l’être cher.
La détection des diamants synthétiques HPHT est maintenant bien maîtrisée. La gemmologie classique est d’un grand secours, notamment dans le cas des diamants synthétiques colorés (la majorité aujourd’hui). Le diamant synthétique HPHT ayant des secteurs de croissance cubique (et parfois dodécaédriques et trapézoédriques), absents des diamants naturels, cela va induire un zonage à l’intérieur de la pierre, qui se manifestera de différentes manières.
- Zonation de couleur, avec des couleurs différentes pour les différents secteurs, par exemple les secteurs dodécaèdriques sont incolores dans les pierres jaunes à oranges.
- Zonation de luminescence, déjà souvent bien visible aux UV courts, mais aussi bien sûr en cathodoluminescence (luminescence causée par un faisceau d’électrons sous vide)
- « Graining » marquant la limite des zones dans la pierre.
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