GEMMOLOGIE UN METIER COMPLEXE | FR
L’essai de tous les diamants se fait sur l’enclume ; et ils résistent si bien aux coups, que le fer éclate et que l’enclume elle-même rebondit.
Histoire naturelle de Pline l’Ancien (mort le 24 août 79 lors de l’éruption du Vésuve), livre XXXVII (37), 57. Suite à ce texte malheureux, des milliers de carats furent détruits à jamais lors de découvertes ou de conquêtes, au cours de l’histoire.
Le diamant est effectivement le produit naturel le plus résistant, à l’usure (dureté 10), mais pas aux chocs. Car le diamant a une cristallisation dans le système cubique avec un clivage parfait. Principe de la première phase de la taille du diamant (clivage, sciage, débrutage, taille en croix et le brillantage). Pour cette raison un diamant taillé sera fragile à son collet (pointe en dessous de la pierre) et sur son rondiste (circonférence de la pierre où le sertisseur placera les griffes de fixation).
Les nouveaux instruments
Le spectroscope actuel est électronique avec fibre optique à sphère d’intégration, au minimum dans le VIS (visible). Des refractomètres électroniques sont encore abordables, le D-screen de l’HRD qui sépare les diamants naturels des « douteux », l’est aussi. Les grands laboratoires quand à eux disposent de spectroscopie dans l’infra-rouge et l’ultra-violet (UV), ainsi que la spectroscopie Raman ce qui permet une recherche plus approfondie. La De Beers( leurs) a mis à leur disposition le Diamond-View, le Diamond-Sure Sure et une trieuse automatique pour les synthèses et manipulations, l’HRD vient de sortir l’Alpha analyser. La spectroscopie en photoluminescence et l’EPR (Electron paramagnetic resoance) sont utilisés dans l’expertise du diamant. A côté de ces instruments « de base » une panoplie d’instruments de hautes technologies sont utilisés selon les moyens financiers des laboratoires et surtout le degré de la formation des scientifiques qui savent les utilisér. Ajoutons une liste non exhaustive des termes que l’on utilise dans la littérature professionnelle. Chaque terme représente un appareil de technologie de pointe qui demande un article scientifique à lui seul :
FTIR : Fourier Transform(er) Infrared, technique utilisée pour obtenir le spectre d’absorption
EDS : Energy Dispersive Spectroscopy et/ou EDX : Energy Dispersive X-Ray, sont des manières d’analyser le spectre d’un rayons X. Spectrométrie de fluorescence sous rayon X.
EDXRF : Energy Dispersive X-Ray Fluorescence, analyse dispersive en longueur d’onde sous rayon X.
EDXRFA : Energy Dispersive X-Ray Fluorescence Analyse, analyseur de dispersion sous fluorescence rayon X ;
LA-ICP-MS : Laser Ablation Inductively Coupled Plasma Mass Spectroscopy, analyse d’une fine particule enlevée par un rayon laser, étudié par spectrométrie de masse, une analyse isotopique.
LIBS : Laser Induced Breakdown Spectroscopy, spectroscopie d’émission atomique excité à l’aide d’un rayon laser qui crée un plasma.
OPO : Optical Parametric Oscilator, est une technique de fréquence optique, qu i utilise un rayon laser qui émet une fréquence vers un oscillateur, consiste de l’analyse d’une résonnance et une optique non linéaire. Moins utilisée est en principe « simplement » changer la fréquence du laser en 2 fréquences dont la somme est celle du laser
SEM : Scanning Electron Microscope, il utilise un faisceau (de particules) d’électrons pour l’analyse de l’échantillon, ce qui donne une image invisible au microscope optique.
XRD : X-Ray Diffraction, technique fondée sur la diffraction des rayons X sur l’échantillon.
XRF /SFX/FX : X-Ray Fluorescence, lorsqu’on bombarde l’échantillon avec des rayons X, il émet de l’énergie sous forme de fluorescence ou d’émission secondaire de rayon X.
MS : Mass Spectrometry, permet d’identifier des molécules par mesure de leur masse et de caractériser leur structure chimique en phase gazeuse.
SIMS : Secondary Ion Mass Spectrometry
LA : Laser Ablation est une méthode où l’on utilise un rayon laser UV qui va arracher d’infimes particules pour obtenir un échantillon que l’on pourra analyser.
RMN ou la résonance magnétique nucléaire est utilisé comme méthode quantitative et non destructive, mise au point par notre vice président, Professeur Jean Marie Dereppe dans les années 1980. Cette méthode analyse les noyaux (éléments de base ou impuretés) présents dans les gemmes.
CATHODOLUMINESCENCE où la gemme est irradiée, sous vide, par des électrons. Elle permet de discerner la structure du cristal.
Certaines analyses sont « destructive », laissant un trou microscopique (LIBS-ICPMS-SIMS). Afin d’avoir un spectre plus précis, les pierres sont généralement refroidies à l’aide d’azote liquide qui a des températures proche de -195,79 °C.
Le gemmologue ne doit pas maîtriser toutes ces technologies, par contre il doit connaître leurs existences et les possibilités quelles offrent lors de l’expertise de pierres « douteuses ». Nous serons de plus en plus confronté à des synthèses et des manipulations de plus en plus sophistiquées. Le consommateur doit être protégé et c’est l’expert gemmologue qui se porte garant dans les limites de ses connaissances et de l’évolution technologique dans le secteur. Malheureusement la course entre « le voleur et le gendarme » restera, le voleur (l’escroc) a toujours une longueur d’avance, par contre le gendarme (le gemmologue) finit tout de même par le rattraper.
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