L’Aigue Marine | FR
De vert bleuté, bleu clair au bleu de la mer, l’aigue marine appartient à la famille des béryls tout comme l’émeraude.
C’est un silicate d’alumine et de béryllium avec un soupçon d’oxyde de fer qui lui donne la tonalité de l’océan. C’est aussi le porte bonheur des marins qui la portent comme amulette. Son nom vient du latin “aqua marina” et se retrouve depuis plusieurs siècles dans les collections de bijoux souvent accompagné de diamants. Pour la première fois introduit dans la littérature par Boèce de Boot en 1609 sous le nom de aqua marina, elle était connue dans l’Antiquité sous le nom de béryl. C’est une pierre d’une couleur très attractive souvent pure et malgré tout d’un prix abordable.
Pline nous raconte “excellents sont notamment ceux qui imitent le vert de la mer la plus pure”. C’est surtout l’effet du jeu de la lumière sur la pierre qui lui donne cette impression de légères vagues. C’est une pierre mystique pour les âmes pures. Selon les écrits anciens, l’aigue marine serait bénéfique pour les yeux, apporte le bonheur familial et protège l’innocence, la pureté et... l’amour. D’autres vont plus loin en affirmant que la pierre aide contre le mal aux dents, les maux d’estomac et du foie.
Elle est le porte-bonheur des personnes nées au mois d’octobre.
L’aigue marine a le curieux effet de garder sa luminosité dans la pénombre et semble même y gagner plus d’éclat.
On la trouve dans une roche-mère de filons de pegmatite et de granite. Pendant longtemps on n’a connu que les aigues-marines en provenance des Indes; on les a ensuite rencontrées en Russie, à Bérésof, et dans les micaschistes des environs du Lac Bolchoï.
Les gisements actuels sont dans le centre montagneux de Madagascar, au Cachemire, au Etats-unis, en Chine, le Pakistan et en Colombie. D’autres part les premières exploitations dans les régions de la Sibérie dans l’Oural et de Nerchinsk en Transbaïkalie sont épuisées.
Pourtant les plus belles pierres proviennent du Brésil, plus particulièrement de la région du Minas Gérais, Bahia et Esperito Santos, les plus recherchées sont celle de Santa Maria de Itabira. Le nom de Santa Maria est égal au sang de pigeon pour le rubis ou le bleu bleuet du saphir.
Entre 1551 et 1554 des expéditions sont organisées par le gouverneur Duarte de Costa le long du Rio Jequitinhonha dans le Minas Gérais, le brut est envoyé en Europe pour la taille, mais ce n’est qu’en 1811 que l’on découvre un cristal énorme de 7kg. Les tailleurs de Idar et Oberstein ne trouvant plus de brut dans leurs régions (agate, grenat, citrine etc.) émigrent vers le Brésil et une relation étroite s’installe entre Idar et le Brésil. La preuve, encore actuelle, est pour celui qui va visiter la ville de Idar-Oberstein, non seulement pour les pierres fines, mais aussi pour la dégustation du fameux “Spiese braten” ou barbecue des garimpeiros (mineurs brésiliens) adapté à la sauce allemande.
Sa dureté est relativement bonne de 71/2 à 8 comme les Topazes mais c’est malgré tout une pierre fragile, elle se porte sans problème comme pendentif ou boucles d’oreilles, en bague, elle est malgré tout sensible aux chocs.
L’aigue marine était déjà connue au temps d’Alexandre le Grand et plus tard dans l’empire Romain où on le retrouve en médaillon gravé de tête de jeune fille, Julie fille de Titus.
Une aigue-marine célèbre est celle qui ornait la tiare du pape Jules II. Elle avait 55 millimètres de longueur sur 36 de largeur.
La plus grosse aigue-marine fut découverte au Brésil dans le Minas Gérais en 1910, elle pesait plus de 110 kg, le cristal mesurait près de 50cm de longueur avec un diamètre de plus de 40 cm. En 1954 un cristal de plus de 33kg est découvert dans la région de Marambaia, on la baptise Marta Rocha du nom de Miss Brésil de la même année. Pas moins de 57.200 carats de pierres gemmes en furent taillés.
Malheureusement les faussaires n’ont pas épargné l’aigue marine non plus, ainsi le nom d’aigue-marine orientale est une appellation interdite d’un saphir bleu très clair.
L’aigue-marine du Siam est un zircon chauffé devenu bleu pâle.
On trouve aussi des aigues-marines synthétiques sous forme de corindon ou spinelle synthétique de couleur bleu-vert ou bleu pâle, la couleur est souvent trop criarde ou violacée. Des topazes bleues irradiées sont aussi parfois vendues comme aigue-marine. Mais nous voyons aussi des imitations en verre bleuâtre ou des doublets (pierres collées). Ces deux derniers peuvent être facilement décelés à l’aide du microscope (présence de petites bulles pour le verre et plaques collées pour les doublets).
La conductibilité thermique est aussi un moyen pour déterminer une aigue-marine véritable, le verre semblera plus chaud et l’aigue-marine plus froide au toucher.
La densité est de 2,67 à 2,71 comme les autres béryls, le système cristallin est hexagonal souvent en prismes hexagonaux allongés. La réfringence est de 1,577-1,583. La taille classique de l’aigue-marine est la taille hexagonale ou “taille émeraude” rectangle à pans coupés, mais on la taille aussi en ovale, poire ou à l’ancienne (rectangles arrondis) ou en briollet, plus rare est la taille cabochon sauf dans le cas où l’effet “oeil-de-chat” est mis en évidence par cette taille.
“Rêver d’une aigue-marine annonce la naissance de nouvelles amitiés” dit un dicton du Moyen Age.
Eddy Vleeschdrager
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