RETROSPECTIVE D’ANVERS | FR

L’année 2007 a été une année difficile pour le marché du diamant. La hausse des prix des diamants bruts a exercé des pressions sur la rentabilité et sur les liquidités de l'industrie.

La faiblesse du taux du dollar a augmenté les difficultés du marché, car les salaires aussi bien des tailleurs que des trieurs anversois sont payés en Euro, soit de 20 à 30% plus cher que les pays non lier à l’Euro. Ajoutons la récession économique mondiale. Malgré tout, les chiffres d'affaires globaux sont en hausse. Anvers représente 80% du commerce mondial en pierres brutes. Le diamant représente 8% des exportations belges! Les statistiques, concernant 1e chiffre d'affaires, sont basées sur les chiffres du ministère des affaires économiques et sur ceux Diamond Office (bureau d’importation et exportation du diamant en collaboration avec les services des douanes et le ministère des affaires économiques). Le chiffre d'affaires total, c’est-à-dire les importations et les exportations de diamants bruts et taillé s'est élevé en 2007 à 42,2 milliards d'USD. Cela représente une hausse de 12% comparé à 2006. En 2007, Anvers a été approvisionné de 134 millions de carats de diamant brut. Cela représente une baisse de 1,7%. Exprimé en USD, on arrive à 10,2 milliards d'USD, une hausse de 10%. Les exportations se sont élevées à 143 millions de carats, et cela pour une somme de 11,3 milliards d'USD. Ceci confirme que les pierres de haut de gamme sont négociées à Anvers tandis que les pierres de moindre valeur vont directement vers les Indes où travaillent plus 600.000 tailleurs dans les petites pierres (anciens fleurons de la Campine anversoise). Un nouveau phénomène a surgi la dernière décennie, de plus en plus les pays producteurs veulent une valeur ajoutée, exporter le diamant brut rapporte aux caisses des états, mais les jeunes démocraties veulent mettre les citoyens au travailles. Une industrie de la taille permettrait cette valeur ajoutée, malheureusement même pour les pays africains les bas salaires de l’Inde défient toutes concurrence.
Ils sont ainsi obligés de tailler des pierres plus grandes, mais aussi plus chers et demandant une formation plus poussée.

Depuis l'introduction du processus de Kimberley (contrôlant l’origine non criminelle et de provenance de pays hors conflit), les détails concernant le marché du brut sont centralisés au niveau de l'Union européenne. Les exportations de diamants taillés se sont élevées à 10,74 milliards d'USD et 9,36 millions de carats. Cela signifie une hausse tant en volume (de 7,20%) qu'en valeur (à savoir 13%). Le prix moyen d'un diamant d'un carat pour l'exportation est passé de 1.087,88 USD à 1.146,87 USD.

Nonobstant leur récession économique, les Etats-Unis restent les grands consommateurs de diamants taillés (à savoir pour 3,2 milliards d'USD ou 29%), suivis d’Hong Kong (15%); Israël occupe la troisième place avec 12,69%. Suivent la Suisse avec 7,8%, les Emirats Arabes Unis avec 6,4% et les autres pays. On note surtout une demande croissante de diamants taillés de la part de la Chine et de l'Inde. L’Inde a importé pour 449 millions d'USD de diamants. Cela représente une augmentation de 246,5%. La Chine a importé pour 250,6 millions d'USD de diamants, soit une hausse de 67,7%. Les importations et les exportations de diamants taillés en Chine ont augmenté de 50% à 900 millions d'USD, tandis que les ventes de bijoux ont augmenté de 39%.

Les importations de diamants taillés se sont élevées à 9,99 milliards d'USD (+11,06%) et ont porté sur 9,7 millions de carats (+4,96%). Le rapport annuel du Conseil supérieur du Diamant examine les développements du marché des dernières années. Entre 2004 et 2006, le prix du diamant brut a augmenté de 35%; tandis que celui du diamant taillé est resté environ le même. On prévoit un doublement des prix du brut les dix prochaines années. Les réserves de diamant ont baissé de 75% depuis 2000. Les analystes prévoient un déficit dans l'offre de brut de 3 milliards d'USD entre 2008 et 2010, qui pourra passer à 5 milliards d'USD si l'inde et la Chine augmentent leurs achats de bijoux.

Le commerce diamantaire s'effectue de plus en plus par le biais de grands négociants et détenteurs de vues (clients de la De Beers qui reçoivent une certaine quantité de diamants brut 10 fois par an). La DTC (Diamond Trading Company, filiale de la De Beers) développe des relations de plus en plus étroites avec les détenteurs de vues, de sorte que les petits commerçants et fabricants ont des difficultés à obtenir suffisamment de marchandises brutes. L’hégémonie de De Beers a été remplacée par la pression des autorités de pays africains producteurs de diamant de faire tailler une très grande partie de la production au niveau local. Ainsi une grande partie du centre de tri et de distribution de la De Beers à Londres a déménagé vers le Botswana.

Malheureusement en ce qui concerne l'industrie diamantaire, et selon les chiffres de la Caisse nationale de vacances pour l'industrie diamantaire, l'emploi a une fois de plus baissé de 7,5%, c’est-à-dire de 1.379 ouvriers du diamant en 2006 à 1.276 en 2007, dont 714 tailleurs, 49 cliveurs et 48 scieurs, 202 trieurs (dont 97 pour l’expertise), 13 ouvriers en appareils de haute technologie et 244 autres. N’oublions pas que nous venons de plus de 30.000 dans les golden sixties. L’âge moyen de l'ouvrier diamantaire reste à 45 ans; celui du tailleur est de 49 ans. L’emploi moyen réel effectif reste au statut quo de 58%. Le nombre d'employeurs a peu évolué, c’est-à-dire de 226 (2006) à 224 en 2007.

En ce qui concerne le nombre d'élèves dans notre école diamantaire: l'unique école diamantaire SIHA (il y en avait 7) compte 35 élèves (contre 41 en 2006). Il n'y a plus d'école diamantaire prévoyant un enseignement à temps partiel. Il y a 16 élèves dans les cours du soir de l'Institut provincial d'Anvers. L’école du soir de la Campine a été suspendue. On n'avait plus trouvé d'instructeurs. Le centre de formation professionnelle du VDAB à Herentals a donné une formation supplémentaire à 31 personnes. D’autres part, 273 ouvriers du diamant sont inscrits comme demandeurs d'emploi au VDAB ce qui est un triste bilan.

Une convention collective de travail a été conclue pour l'introduction d'un règlement sectoriel d'outplacement à partir du 1er janvier 2008 dont les charges sont supportées par le « Fonds interne de compensation » du secteur du diamant. En d'autres termes, l'employeur ne doit plus le payer lui-même. Il s'agit tout de même de 1.200 EUR par ouvrier (+45 ans) qui est licencié.

De l’oxygène pour l’industrie
En exécution du protocole d'accord signé le 29/06/06 entre les représentants de l'industrie diamantaire, le commerce diamantaire, les syndicats et le gouvernement, le plan social pour l'industrie diamantaire a été réintroduit à partir du 1er janvier 2007. Ce protocole prévoit également que le règlement de 1/3 de % pour les importateurs de diamants bruts pour trois ans (et renouvelable) est suspendu pour trois ans à partir du 1/1/07. Les versements des avantages sociaux aux ouvriers du diamant prévus par la loi et les statuts demeurent. Selon le Plan social, chaque personne physique ou morale, qui a comme activité principale ou accessoire l'industrie ou le commerce du diamant, est tenue au paiement de cotisation au Fonds de compensation interne pour le secteur du diamant (ICD). Cette cotisation de compensation s'élève au maximum selon la loi à 0,10% de la vente de diamants, tant sur le marché interne qu'externe. Pour 2007, la cotisation était de 0,036% pour trois trimestres. Le pourcentage doit être fixé chaque année. Toutes les entreprises sont exonérées de paiement pour la première tranche de 5 millions d'EUR de transactions par entreprise sur une période d'une année civile. Les employeurs qui occupent des ouvriers diamantaires pour le travail effectif du diamant, soit le clivage, la taille, le débrutage, la taille et le sciage du diamant, et cela dans un atelier agréé, peuvent, après un trimestre, demander des allocations de compensation après avoir rempli leurs obligations vis-à-vis de l'ONSS. Concrètement, cela signifie un remboursement de la cotisation patronale à l'ONSS après déduction des réductions de cotisations existantes à l'ONSS, de même que les cotisations à la Caisse nationale de vacances, avec un maximum de 50.000 EUR par an ou 150.000 EUR pour trois ans.

Monopole
Une association professionnelle anversoise avait déposé une plainte auprès des instances européennes concernant le « monopole » de la De Beers. Cette société Sud Africaine qui contrôlait plus de 70% de la production mondiale du diamant brut, il y a une quarantaine d’années, actuellement environs 50%, avait des contrats avec la firme Russe Alrosa, le troisième producteur mondial. La commission européenne décida que la De Beers ne pouvait plus acheter du brut de Russie. La Cour de Justice européenne de Luxembourg annula cette interdiction.

Activité des services
Anvers confirma aussi sa réputation de centre mondiale lors de la  vente du Letseng Legacy de 493 carats, provenant du Lesotho et qui sera taillé à Anvers. D’autres pierres importantes trouvent le chemin de la métropole.

Depuis quelques années quelques banques importantes disparurent du quartier diamantaire, ainsi nous avons vu disparaître la banque Max Fischer (faillite), la banque Artésia (Paris-Bas) et Amro (qui fut absorbée par ABN). Une situation désagréable et surtout dangereuse pour un secteur où le financement joue un rôle important. Plus que deux acteurs étaient présents la Banque Diamantaire Anversoise et l’ABN. L’ouverture d'une troisième banque indienne importante, la banque Bank of India, fut une nouvelle rassurante surtout pour un secteur où la communauté indienne est très active.

Anvers offre un service de certification des diamants, chaque diamant taillé d’un certain poids y est évalué selon les critères de poids, couleur, pureté et proportions (les 4C). Les pierres reçoivent un document d’expertise certifiant la qualité. Deux laboratoires de réputation internationale y sont établis depuis plus d’un quart de siècle, d’une part IGI (International Gemological Institute) le plus ancien et d’autre part l’HRD émanant du secteur lui-même. Un troisième acteur est venu ci joindre IDI (International Diamond Laboratory) de Dubaï, nouveau centre du diamant et des pierres précieuses depuis une dizaine d’années. Rappelons que ce laboratoire a été créé par DMCC institution gouvernementale des Emirats sous la direction de Pater Meeus ancien directeur général de l’HRD.

L’HRD a connu des bouleversements importants, il a été scinder en deux entités, d’une part AWDC qui est devenu une fondation pour la promotion de secteur et d’autres part l’HRD qui est une sa, qui gère principalement les départements de certification du diamant et des pierres précieuses et le département formation des gemmologues.


Eddy Vleeschdrager

Sources : AWDC (Antwerp World Diamond Center), HRD et SBD.