NAISSANCE DE LA TAILLE DU DIAMANT A L’ECHELLE INDUSTRIELLE III | FR

1890 est l’année où la classe ouvrière ainsi que les paysans du vieux continent cherchent leurs bonheurs en « Amérique », parmi eux plusieurs ouvriers diamantaires.

Le premier groupe quitta la rade du port d’Anvers à bord du bateau de la ligne Harwich dans une ambiance de liesse populaire le « tout Anvers » était là. Une grande partie des tailleurs prit une demi-journée de libre pour saluer leurs collègues partant pour le long voyage. C’était au milieu d’une liesse populaire, salué avec des feux d’artifices que les émigrants quittèrent le port d’Anvers vers Harwich et de Londres vers l’Amérique. 
 
Ainsi partirent une grande partie des tailleurs, de « grosseurs », chercher fortune, laissant derrière eux un secteur, en crise. Mais bientôt cette image idyllique laissa place à de l’amertume pour ceux qui restèrent craignant une concurrence supplémentaire en cette période déjà difficile, les émigrés furent dépeints comme des faux frères, les « rats ». Si bien que lors du cortège de la mi-carême qui suivit, les émigrés diamantaires furent figurés en deux tableaux sur un char, l’un comme voyageur partant richement habillé, suivis de son retour en haillons. Ce ne fut, heureusement pour eux, pas la réalité, car la plus par d’entre eux réussir une carrière honorable limitant la formation abusive d’apprentis et exigeants des salaires décents. Quelques-uns revinrent même, après plusieurs années d’épargnes, au foyer terminer leurs jours au sein de leurs familles.  
 
Le climat social ne s’améliore pourtant pas à Anvers, au courant de l’été paraît le premier journal syndical du secteur, « De Werker » (le travailleur), une réunion est annoncée pour améliorer la situation sociale. Après une première réunion faiblement suivie, suivra une autre plus importante où le syndicat « Antwerpse Diamantbewerkersbond » ADB (syndicat des tailleurs anversois) est créé.  
 
Le premier numéro « Het Diamantvak » (le métier du diamant) parait rapidement, incitant les tailleurs à exiger une amélioration des conditions de travail. L’action ne provoqua qu’une réaction mitigée des tailleurs si bien que le syndicat pris contact avec les autres centres de taille afin de coordonner leurs actions. Au mois de septembre, le jeune syndicat ADB prend contact avec la « Diamantbewerkersbond » d’Amsterdam, précurseur de la puissante ANDB. L’idée est de publier un journal conjointement. De là émerge une idée plus importante : la création d’une internationale des travailleurs du diamant, l’organisation devra chapeauter les organisations nationales. Bien que fragile dans sa structure, l’organisation est créée en novembre 1890 entre les travailleurs diamantaires de Belgique, France, Allemagne, Hollande et Suisse.  
 
Le 1er novembre a lieu la première réunion à Charleville, en présence d’une délégation d’Anvers, d’Amsterdam, de Saint-Claude, de St.-Gents, d’Hanau et de Genève.

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Emigrants_quittant_Anvers_vers_1890_(Antwerp_a_Port_of_All_Seasons).jpg
Ferry_to_Harwich,_les_quais_du_port_dAnvers_1890,_corquis_de_H.Seghers.jpg

On décide entre autres :  

  • 1-la création d’une publication en Néerlandais, Français et Allemand,
  • 2-un tarif de taille unique pour les différents centres de taille est accepté,
  • 3-il est décidé que le tailleur a le droit d’acheter son bort (poudre de diamant qu’il utilise pour la taille) ou il veut et plus obligatoirement chez son patron,
  • 4-la suppression du travail en entreprise (payement à la pièce) qui ne sera d’ailleurs jamais suivi.
  • 5-le maximum de 10 heures de travail journalier et la suppression du travail de nuit.
  • 6-le prochain congrès aura lieu à Amsterdam.

 
Le 29 décembre 1890 paraît le premier numéro de l’hebdomadaire « Adamas », qui ne produira que 53 éditions.  
Finalement l’année 1890 se termine tout de même d’une manière positive pour le jeune syndicat diamantaire car le gouvernement belge accepte le syndicat ADB dans le conseil des prud’hommes ce qui est une reconnaissance de ce secteur en pleine évolution.  
 
À suivre