Le Rubis, Rare et Prestigieux | FR

Le rubis est, de loin, la pierre la plus somptueuse, mais disons le immédiatement, c’est aussi la plus chère.
La valeur du rubis de haut de gamme est d’une manière générale plus élevée que celle d’un diamant de même poids.
Pour donner une idée des cours actuellement pratiqués mais qui restent soumis à de sérieuses poussées ascensionnelles. Les dernières dizaines d'années, les prix des rubis ont augmenté de 200%.

Mais qu’est ce qu’un beau rubis?
 
Le rubis est une variété de corindon, oxyde d’aluminium.
Il est moins dur que le diamant, mais, à l’échelle de Mohs, il est classé néanmoins juste derrière lui (dureté 9).
Il appartient au système cristallin rhomboédrique et sa cassure est conchoïdale.
Sa densité oscille entre 3.96 et 4.10 et son indice de réfraction est de 1.76 à 1.77.
Cette alumine cristallisée pure tire son nom de “ ruber” qui, en latin, signifie rouge. Symbole du bonheur et de l’amour, il procure, dit-on à ceux qui sont nés au mois de juillet, la liberté, la bonté et l’autorité.
Sa couleur va du rouge intense au pourpre foncé et il doit ses propriétés de tonalités fascinantes à sa teneur d’oxyde de chrome (Cr203).
 
Les pierres les plus recherchées sont celles qui possèdent une grande limpidité et une teinte lumineuse et profonde.
On connaît le rubis “sang de pigeon”, rouge noble vif et profond, avec une nuance foncée de carmin et un soupçon d’or. Cette coloration somptueuse résulte de la présence de 0,1 % d’oxyde de chrome dans la masse de la pierre. C’est une couleur très rare que les collectionneurs recherchent.
 
Quant au rouge-brun ou violacé, que montrent d’autres gemmes, il s’explique par des traces de fer et de vanadium.
 
C’est le cas, notamment, des rubis du Siam, remarquables par la palette sombre de leurs teintes. Sans atteindre l’éclat attrayant et prestigieux des rubis de Birmanie, ils n’en sont pas moins d’une cote très élevée, surtout lorsqu’il leur arrive d’afficher la belle couleur de “sang de pigeon”. La rareté de celle-ci s’explique par le fait que le chrome est un élément peu répandu sur terre et encore moins dans des pierres précieuses.
 
Les rubis les plus beaux proviennent incontestablement des gisements birmans, Myanmar.
La vallée de Mogok rassemble les mines les plus importantes. Les premières mines de Mogok en Birmanie découvertes au VI siècle sont légendaires et ont tenu leur réputation jusqu’à ce jour.
Mais celles-ci sont restées anciennes et leurs moyens de production n’ont pas été modernisés. L’absence de stabilité et la présence de dictature gouvernementale a entraîné une exploitation anarchique et irrationnelle des centres minéralogiques.
 
La nationalisation n’a contribué en rien au développement de leur potentiel d’extraction et à la dynamique de leur rendement.
Mais à cette rétention économique s’en ajoute une autre qui prend des allures politiques. L’état birman n’autorise pas l’activité de sociétés d’exportations des pierres précieuses. Il prend en charge lui—même la vente des rubis par voies d’enchères annuelles à des acheteurs étrangers.
 
On constate à regret, d’année en année, une baisse sensible de la qualité des gemmes en même temps qu’une diminution constante du volume des lots écoulés sur les marchés.
Ainsi, comprend—on pourquoi les rubis birmans sont de plus en plus l’objet de convoitises des connaisseurs. Une grande partie disparaît en fraude vers les pays voisins.
 
Une ombre au tableau
L’état de Myanmar ne respecte plus les normes élémentaires du travail selon l’organisation OIT de Genève. OIT est une organisation internationale d’employeurs, d’employés et de gouvernements qui établissent les normes minimums de travail. La liste des infractions est tristement longue. Les travaux forcés sont devenus us et coutumes dans les constructions des routes, des ponts, canaux au service du gouvernement. Le citoyen y est obligé d’offrir gratuitement la nourriture à l’armée. Les gosses sont enrôlés dans l’armée et les civils sont même employés par force pour le déminage. Pourtant un accord avait été élaboré avec l’OIT concernant l’abolition des travaux forcés sous contrôle d’observateurs en compensation de financement d’infrastructures. Malheureusement le jour même de l’accord Aung San Suu Kyi (parti d’opposition) fut arrêtée ainsi que les membres de son parti dont 9 furent exécutés, 3 d’entre eux pour possession de documents de l’OIT.
L’organisation demande d’urgence au gouvernement de Myanmar de changer sa politique. L’OIT demande la libération de Aung et de ses collaborateurs ainsi que l’abolition de l’esclavage sous peine d’un boycott du pays.
Une telle mesure aura naturellement des suites sur le marché des pierres précieuses.
 
La Thaïlande, avec ses gisements de Chantabury et le Sri Lanka (Ceylan) sont parmi les pays producteurs dont les gemmes sont également recherchées.
En Thaïlande, les filons contenant le rubis sont à une dizaine de mètres de profondeur et l’on creuse de manière artisanale des puits et galeries, mais malheureusement il n’y a que 1 % utilisable pour la joaillerie.
Actuellement l’exploitation est devenue industrielle tout comme pour le diamant.
 
Naguère, les mines de Païlin au Cambodge fournissaient de magnifiques rubis. Mais à la suite des événements qui ont bouleversé ce pays, les centres miniers ont cessé leurs activités. La paix étant revenue la production a rapidement repris.
 
Vietnam produit des rubis d’un rouge vif, une couleur fraîche presque électrique qui est fort appréciée dans la joaillerie contemporaine.
 
Sri Lanka anciennement Ceylan
Avec les mines réputées, telle que celle de Ratnapura sont alluvionnaires ou dans des anciennes rivières. L’exploitation y est aussi artisanale et folklorique. La production est principalement des saphirs « bleu bluet » mais aussi des rubis clairs.
 
Astérisme et spinelle
Certains rubis présentent le phénomène de l’astérisme. Ce sont de finess inclusions de rutile qui produisent une étoile lumineuse à six branches. L’effet est particulièrement original et séduisant.
Taillées en “cabochon”, ces pierres atteignent des prix très élevés.
 
Enfin on retiendra une certaine similitude entre le rubis et le spinelle rouge. Mais alors que le premier, répétons le, est de l’alumine cristallisée le second est un aluminate de magnésium. Leurs colorations peuvent apparaître assez proches, mais les prix, quant à eux, n’ont aucune comparaison.
 
Il fut découvert aux environs de 325 avant J.C. lors des conquêtes d’Alexandre le Grand sous le nom de carbunculus; petit charbon ardent.
Au Moyen Age le rubis reçut son nom définitif et seulement vers 1800 on le classa parmi les corindons car souvent on le confondait avec le spinelle rouge ou le grenat.
La couleur peut varier du rouge au carmin foncé, parfois une présence de fer lui donne une coloration trop foncée brunâtre. Cette coloration varie selon son origine mais aussi selon la zonation dans la pierre même. Une même mine peut produire différentes colorations de rubis. Lorsqu’il est de couleur rose, il reçoit le nom de « saphir rose » où il offre toute la gamme du vieux rose à rose bonbon.
D’opaque à transparent, le rubis d’une pureté parfaite est souvent d’origine douteuse, en d’autres mots, une imitation ou une pierre synthétique. Le fait d’être serti dans un bijou ancien ou de provenance ancienne n’étant pas une garantie. Les pierres synthétiques ou d’imitations ne sont pas d’origine récente, déjà en 1447 la ville d’Anvers fit savoir par ordonnance que “des fausses pierres étaient en circulation”.
Actuellement plus que jamais suite aux nouvelles techniques de manipulations, l’achat d’une gemme doit être fait chez un grossiste de réputation bien établie et accompagné d’un certificat d’authenticité émis par un laboratoire de réputation internationale.
 
Eddy Vleeschdrager
 
 
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