Le Centre de recherches scientifiques et techniques du diamant WTOCD | FR

Créé en 1977, le Centre de recherches scientifiques et technologique du diamant (Wetenschappelijk en technisch onderzoekscentrum voor Diamant) était un département autonome du Conseil supérieur du diamant (HRD). Depuis la scission de l’HRD en une fondation (AWDC) et une société anonyme HRD, le WTOCD dépend du AWDC.

Le conseil d’administration du centre réunit des représentants du Syndicat de l'industrie diamantaire belge (S.B.D.), l'Union des tailleurs campinois (V.K.D.), les 4 Bourses diamantaires, les négociants en diamants taillés, le groupement des firmes de diamants industriels, l'union des négociants en diamants bruts, les représentants des Syndicats d’ouvriers et le Vlaams economisch verbond (VEV). Un comité de supervision scientifique est composé de professeurs de l’université d’Anvers (UA).
 
Malgré un budget restreint pour un centre de recherche, le centre a déjà quelques belles réussites à son palmarès, on peut citer des débruteuses automatiques, ainsi que l'adaptation de la stroboscopie au débrutage du diamant, système déjà courant dans les ateliers modernes de la région anversoise. La taille automatique, l’étude du brut pour l’industrie de la taille et la recherche fondamentale sur les synthèses pour le négoce. La dizaine d'ingénieurs et de techniciens que compte l'équipe du Centre a attaqué et réussi plusieurs projets spectaculaires.
 
Le microscope HRD ou D-Scope
Agréable à l’emploi mais surtout apprécié pour sa haute qualité d’optique il donne une visibilité exceptionnelle, qui est renforcée grâce au système d’illumination LED. Une graticule permet de mesurer les inclusions et une camera LCD permet la photographie ou la vision sur écran.
 
Débrutage automatique
Citons en premier lieu la machine à débruter automatique. Cette machine contrôlée par ordinateur permet de débruter 2 pierres simultanément. Celles-ci placées en angle droit l'une au-dessus de l'autre se frottent mutuellement dans un mouvement de va-et-vient contrôlé. La perte de matière est réduite au minimum par des savants calculs d’ordinateur et la production en est quasiment automatisée, un débruteur contrôlant plusieurs machines à la fois comme dans le sciage. Le nouveau modèle sorti du centre utilise une autre technique, le débrutage automatisé contre une roue diamantée, ce qui permet une plus grande production. « EOS » est le produit final de haute technologie, de performance et de précision. Les prototypes ont déjà fait leurs preuves dans l'industrie. Les machines sont à la disposition des fabricants belges par le biais de la société de commercialisation Comdiam (HRD).
 
La taille automatique
Une pince indépendante et révolutionnaire a été conçue pour la taille brillant. La pince est un chef d’œuvre de technologie et de haute précision. Il est possible de placer 4 pinces automatiques sur un moulin. Ici aussi le tailleur peut contrôler plusieurs pinces et plusieurs moulins. « Octopus » est devenu l’outil le plus performant dans le secteur de la taille automatique, un bijou de haute technologie qui cherche automatiquement grâce a des capteurs super sensibles, la direction de taille, les angles d’inclinaisons, les proportions et la finition. Un autre appareil intéressant a été élaboré par le centre, qui permet de visualiser le polissage lors de la taille, la finition est de l’ordre du nanomètre !
 
Le problème majeur n'était pas la qualité des produits offert au diamantaire belge des « golden sixties », mais plutôt sa mentalité conservatrice. En période de bonne conjoncture, le fabricant ne voyait pas le besoin d'investir car tout marche bien et la rentabilité était bonne. Par contre en période de dépression du marché, il devenait pessimiste et ne voulait plus investir. Cette politique à court terme a été néfaste pour l’avenir de l'industrie diamantaire belge. Ainsi le secteur de la taille a été repris par les pays à bas salaires L'automatisation se présente comme la seule et unique planche de salut contre une concurrence effrénée des pays comme l'Inde, la Thaïlande, ou la Chine.
 
Mais ce qui va être la plus grande révolution depuis la découverte de la technique de taille par Louis de Berquem est la nouvelle méthode de taille. Un procédé encore drapé sous le voile du secret consiste à tailler le diamant sans la recherche de sa structure ou « was ». Ce qui reviendrait à tailler une pierre dans n’importe quel direction, n’importe quelle position. Ceci entraine une nouvelle approche de la taille. Fini les 5 années d’école de taille pour connaître les différentes directions de taille pour les pierres sciées, les 2 points et les 3 points (voir le livre Dureté 10). Cette nouvelle technique donnera un nouvel élan à la taille automatique. Pouvoir taillé le diamant de la même façon que l’on taille automatiquement les pierres de couleurs, avec des batteries de 100 pierres à la fois, à toujours été le rêve des fabricants diamantaires. Le rêve deviendra réalité pour les petits brillants au courant des prochaines années.
 
Étude du brut
Grâce à une logiciel performante, on peut obtenir d'après les coordonnées d'une pierre brute, obtenu par scanner au rayon laser, le meilleur résultat : forme, orientation, procédé de taille, etc... Les coordonnés pouvant fluctuer d'après la situation et les valeurs du marché. Ce projet découle d’une symbiose entre les connaissances professionnelles ancestrales des tailleurs anversois et la technologie de l'ordinateur. Sur l’écran de l'ordinateur on reçoit les meilleures proportions requises pour chaque pierre brute qu'on lui propose ainsi que la perte de poids lors de la taille.
 
Le diamant étant une des matières les plus onéreuses, on comprend aisément l'importance de savoir comment on peut sortir d'une pierre brute le maximum de poids. Sur son ordinateur le technicien – tailleur peut après avoir introduit les coordonnées (mesures, poids, pureté) obtenir le modèle le mieux approprié (marquise, poire, brillant, etc...) Ce dessin peut être vu en 3D, de face, de profil, d'en haut ou d'en bas et on peut le faire basculer dans tous les sens, en tenant compte des paramètres de moins-values suivant la pureté, le poids, la couleur et la forme.
 
Mais, l'atout principal est qu'il permet de suivre les différentes phases de fabrication, clivage, sciage, débrutage, taille en croix et brillantage de différentes façons et d'en déduire la meilleure façon de poursuivre le travail.
 
Un modèle de poche a été conçu au départ d'une calculatrice électronique permettant au diamantaire un calcul rapide des différentes possibilités de fabrication, lors d’achat du brut. « Reflex » est un appareil de mesure des proportions et finitions qui surpasse de loin tout les concurrents actuels, quand au « Sumodi », il mesure les caractéristiques externes des facetttes.
 
Déterminer la couleur
Un spectrophotomètre a été accouplé à un ordinateur pour la colorimétrie. L'appareil en lui-même n'est pas une nouveauté, mais la mise au point du programme est arrivée à un stade de perfection tel que pour la certification officielle des certificats de l'HRD il est couramment employé. La luminescence est basée sur l’observation de l’œil humain, cette technologie est encore plus performante, plus fiable et plus rapide.
 
Synthèse
Le diamant synthétique est déjà sur le marché de la bijouterie, aux États Unis principalement. Pour mieux étudier cette technologie le centre a acheté une « casserole à pression » pour fabriquer du diamant selon le procédé HPHT. Une étude approfondie a permis la création du D-screen, un petit appareil abordable, devenu indispensable pour celui qui veut savoir si une pierre est naturelle, trafiquée ou synthétique. Car il est important de garder la confiance du consommateur dans le plus beau produit de la nature.
 
Épilogue
Si Anvers s’est fait prendre le pain de la planche dans le secteur de la taille, il y a une vingtaine d’années, il a grâce à son centre de recherche préparé sa revanche, aussi bien dans le secteur de la taille que celui du négoce. Le secteur diamantaire anversois a, après 6 siècles d’histoire mouvementée et de crises, toujours sut se redresser. Le 21e siècle sera probablement celui du retour de la taille du diamant dans la métropole. Anvers est malgré tout resté le centre de négoce le plus important, malgré les nouveaux centres qui offrent des avantages fiscaux et surtout une plus grande souplesse administrative. Les concurrents directs sont actuellement Dubaï, Hong Kong, Bombay, Shanghai et Tel-Aviv, pour ne citer que les plus importants.