La retaille du diamant | FR

Une discussion interminable depuis plusieurs décennies entre professionnels : faut-il oui ou non retaillé des diamants « taille ancienne » ? Car la retaille implique inexorablement une perte de minimum 20%.

Pour les uns une taille ancienne a du charme, pour d’autres elle n’a pas de vie. Grâce aux nouvelles technologies et une meilleure compréhension de lois de la physique, les diamants « ancienne taille » ressemble pour certains à du verre comparé aux nouvelles tailles.
 
Pourtant il est un fait que « l’ancienne taille » a un certain charme, surtout dans des bijoux anciens. Un diamant « nouvelle taille » dans un bijou du 19e siècle ou plus anciens « jure ». Ce qui émerveille surtout le professionnel c’est le résultat obtenu par les « anciens » lors de la taille du diamant. Un petit rappelle de cette technique découverte par Louis de Berquem au XVe siècle : Le diamant brut est serti dans une coquille remplie de plomb fondu. Le sertisseur étant le seul à voir la pierre brute, plonge le diamant dans le plomb. Il montre ainsi une surface de la pierre sur laquelle après refroidissement le tailleur devra placer les facettes. Le tailleur n’a aucune vue sur la partie cachée, il place les haléfis et les étoiles autour d’une partie de la pierre. Ensuite le sertisseur fera fondre le plomb pour enlever et retourner la pierre montrant ainsi l’autre face. Le tailleur reprendra la taille, presque à l’aveuglette, son expérience permettra d’obtenir une taille complète. Comprenant cette opération le diamantaire et le bijoutier reste toujours en admiration devant le résultat obtenu.
 
Certains bijoutiers comparent la taille du diamant à des tableaux anciens, doit ont repeindre une figure d’un ancien portrait selon les nouvelles méthodes ? Un clair obscur, doit on le repeindre pour qu’il soit plus vivant ? Les tailles anciennes sont des pièces historiques uniques et aussi de l’archéologie industrielle.
 
D’autre part il est un fait que la retaille donne plus d’éclat, plus de vie, plus de brillance au diamant. Un diamant sortant des usines modernes est un petit « soleils » qui crache la lumière de ses mille feux, même sans projecteur. Le diamant, bien qu’il soit le produit naturel le plus dure, il montre parfois des signes d’usure. Les signes sont faibles mais présent, petits éclats le long du rondist ou sur les arrêtes entre les facettes. Naturellement nous parlons de diamants ayant une centaine d’années ou plus. Le diamant est il resté dans un écrin ou fut il porté régulièrement ? Le bijou dans lequel le diamant a été serti est aussi important, dans une bague il souffrira plus que dans un diadème ou une broche. Le diamant dans un serti clos sera mieux protégé que retenu par des griffes.
 
Pourtant certains bijoutiers antiquaires, spécialisé dans les bijoux acceptent cette légère usure tout comme la patine sur des meubles ou des ustensiles. Un meuble antique peut ainsi avoir des petits trous de larves de vrillettes, cela lui donnera dans certains cas même une plus value. Lorsque le Koh-I-Noor (montagne de lumière) de 186 carats fut exposé en 1850 au Cristal Palace de Londres les visiteurs furent déçus. C’était une pierre sans éclat, un bout de verre. Après 38 jours de retaille elle brilla de tous ses feux, mais elle avait perdue 77 carats dans l’opération ! Une nouvelle fois la polémique fit son apparition lors de l’achat du fameux Wittelsbach de 35,32 carats par le bijoutier et diamantaire Laurence Graff.
 
La pierre historique, originaire de la région de Golconde, ayant appartenu aux rois de Bavière vint en Europe, tout comme d’autres pierres prestigieuse, grâce au négociant J.B. Tavernier, au 17e siècle. Le premier propriétaire était Philippe IV roi d’Espagne qui l’offre à sa fille, l’infante Marguerite Thérèse qui épouse l’empereur Léopold Ier. Après sa mort l’empereur l’offre à sa seconde épouse, qui à son tour transmet la pierre sa petite fille électrice de Bavière. La pierre restera dans la famille plusieurs générations et sera même exposée à Paris et à Bruxelles. En 1963 la pierre réapparait à Anvers, elle est achetée par le diamantaire I. Komkommer qui la revend un an plus tard à un client resté anonyme.
 
Nous la retrouvons chez Christie’s en décembre 2008 où elle est vendue au bijoutier londonien Lawrence Graff pour 24.3 millions de $ us (17,8 millions €). En 2010 la pierre retaillée, a une couleur plus prononcée est aussi devenue plus pure, elle fut exposée au Smithsonian Institution à Washington où l’on peut aussi admirer son « cousin » le Hope. La pierre de 31 carats est la quatrième pierre des plus importants des diamants bleus, devancée par le Hope (44,50ct), le Tereschenko (42,92ct) et le sultan du Maroc (35,27ct). Si la polémique subsiste entre les partisans ou non de la retaille, un fait est certain, le Wittelsbach à reçu un « face lift » et aucun autre diamantaire n’aurait put faire mieux. La raison en est, que le bijoutier Laurence Graff est aussi le diamantaire qui possède actuellement l’équipe de maîtres tailleurs de diamants anversois les plus expérimentés au monde. Le diamant qui avait une couleur bleu grisâtre d’une pureté VS (inclusions) est devenu, tout en gardant sa forme d’origine, un diamant, certifié par le Gemmological Institute of America (GIA), comme « Fancy Deep Blue » ou bleu profond et pur. La forme de base est restée « Antique oval stellar brilliant ». Nous pouvons affirmer que le Wittelsbach a gardé sa forme initiale et son charme, mais les maîtres tailleurs anversois ont fait ressortir le potentiel caché de cette pierre unique.