La kimberlite « roche mère du diamant » |FR

Grâce aux éruptions volcani¬ques, les diamants naissant au centre de la Terre peuvent venir jusqu’à nous. On ne peut en déduire qu’à chaque éruption volcanique, des milliers de carats de diamants arrivent ainsi à la surface de la Terre. Une condition impé¬rative est liée à la survie de cette pierre précieuse, la présence d’une roche basaltique appelée « blue ground » (terre bleue) ou mieux connue sous le nom de «kimberlite ».
Cette roche extrêmement rare protège le diamant comme un cocon, celui-ci ne supportant pas des températures de plus de 1.500 C (Le bijoutier en a déjà parfois eu la malheureuse expérience lorsqu’il « brûle » la surface d’une pierre au sertissage).

Lorsque la lave monte vers la surface de la Terre, au travers des pipes volcaniques, la température avoisine 1.000 à 1.200 C. Mais au contact de l’air, l’oxygène augmente la température de plus de 8.000 C. A cette chaleur, les cristaux de diamant non protégés se subliment.
 
On peut ainsi confirmer que la seule et unique source terrestre de diamants naturels est liée à cette roche péridotite, micacée, serpentinisée et carbonatisée, de couleur bleuté à gris tacheté de noir virant au jaune ocre quand elle est oxydée. Dans certains cas on parle de « green ground » lorsque celle-ci est fossilisée. D’autre part toutes les roches kimberlitiques ne contiennent pas impérativement du diamant, on les appelle dans ce cas kimberlite stérile. Pour le géologue, la kimberlite est une source d’information de première importance surtout pour la pé¬trographie. C’est un échantillon direct du manteau supérieur et comme a dit G.C. Kennedy en 1968: « The diamond pipes serve as a window that gives us a look into the earth (Les pipes diamantifères nous sert comme une fenêtre dans les entrailles de la terre). La kimberlite est une roche provenant du magma, à plus de 100 km de profondeur, et ainsi liée aux structures tectoniques profondes. Elle contient d’ailleurs les té¬moins de cette origine, les miné¬raux de haute pression, comme par exemple: la diopside, le py¬rope, le grenat et le diamant. Le «yellow ground », ou terre jaune oxydée, quant à lui est situé logiquement en couches extérieu¬res, descendant à 100 m au maxi¬mum de profondeur où l’on re¬trouve le « blue ground ».
 
Plus on remarquera d’altération climatique, plus on retrouvera de yellow ground. Par contre dans les régions glaciales de Sibérie où l’altération est réduite au minimum, la couche en sera très mince.
 
La découverte des mines de diamants en Sibérie aurait d’ailleurs été faite lorsque des prospecteurs on rencontrés un renard bleu. Intrigués les prospecteurs suivirent l’animale jusqu’à son terrier qui était creusé dans de la kimberlite.
 
Déjà en 1887, C. Lewis classifia la kimberlite en 3 grandes sortes:
 
1. La kimberlite massive, porphy¬rique, une masse homogène ayant peu d’inclusions de ro-ches satellites, de couleur gris sombre, lourde et dure. 2. La brèche kimberlitique, plus tendre, conglomérat d’élé¬ments kimberlitiques différents liés par un ciment (matrice). On retrouve cette catégorie le plus souvent dans les pipes. Parmi les éléments satellites, on retrouve de l’ilménite et de l’olivine serpentinisée. 3. Les « tufs »* kimberlitiques com¬posés principalement de petits gravillons de kimberlite liés par des éléments hydrother¬maux.
 
Cette classification n’est que sommaire. Vu l’importance de ce minerai, on a approfondi les recherches et ainsi subdivisé et spécifié les différents éléments de structures et de compositions.
 
Les différents sites de la kimberlite
Les pipes ou cratères de volcans éteints de formes plus ou moins circulaires sont les berceaux de la kimberlite, avec une superficie maximum de moins de 2 km; comme par exemple en Tanzanie. Dans ce cas précis c’est l’érosion du cône volcanique qui est à l’origine de l’importance de la superficie, car la pipe elle-même est bien plus étroite. Les « dykes » sont des crevasses ou fissures de plusieurs kilomètres de long, mais ayant une largeur ne dépassant guère les 10 mètres. Ils peuvent se présenter alignés ou parallèles, parfois ils sont entrecoupés de pipes. Un point de repère pour le géologue est la végétation plus luxuriante. La roche kimberlitique est difficile à distinguer dans la majeure partie des cas. A la surface de la Terre, où elle est mélangée à la couche supérieure du sol, elle est parfois décelable par de légers monticules ou dé¬pressions. La végétation, jouissant de la teneur en phosphore, calcium et autres minerais de la pipe, sera plus abondante. Ce phénomène se retrouve dans presque tous les sites entourant les volcans. L’hu¬midité plus élevée de ce sol joue aussi un rôle important. Les cre¬vasses ou ravins donnent égale¬ment aux géologues des signes de présence possible de kimbe¬rlite. Un des moyens les plus effica¬ces reste malgré tout le quadril¬lage d’un territoire, parfois de plusieurs centaines de kilomètres carrés, et le prélèvement systéma¬tique d’échantillons tous les 50 ou 100 m selon un plan bien précis. L’étude de ces milliers d’échantillons de roches décèlera la présence possible de kimbe¬rlite. Grâce aux minéraux satelli¬tes, comme le pyrope, l’ilménite, le diopside chromifère, les spinel¬les magnésiennes et bien d’autres cités, ainsi que du diamant. C’est un travail de longue haleine, pouvant durer plusieurs années, coûtant plusieurs millions de dol¬lars et qui se termine parfois par des résultats décevants. Actuellement on fait de la prospection géophysique à l’aide d’avions, de ballons dirigeables ou d’hélicoptères qui mesurent la gravité à l’aide d’un graviomètre qui mesure la gravité de manière multidirectionnelle.
 
La localisation des gisements de kimberlite confirme la théorie de la dérive des continents, éla¬borée par Alfred Wegener, car ils sont groupés le long du continent sud-américain, qui s’emboîte exactement dans l’enclave de l’Afrique, Venezuela, Brésil d’une part et l’Angola, le Zaïre, la Namibie, l’Afrique du Sud, etc. d’autre part. L’Australie s’emboîte au-dessous de l’Inde.
 
Composition chimique
Bien que la kimberlite se pré¬sente sous forme de conglomé¬rats différents, on peut confirmer que cette roche ultrabasique sous-saturée contient principale¬ment de la silice, du titane, du fer, du magnésium, de l’alumine, du soufre, du phosphore, du potas¬sium, du sodium, de la chaux, ainsi que beaucoup d’eau et de gaz carbonique. La teneur des différents composants chimiques diffère d’un champ à l’autre.
 
Ainsi le géologue, par l’étude des composants de la kimberlite, peut en déterminer 1’origine et dans certains cas ... l’âge. D’après ces études, les origines datent selon la localisation de 2.300 à 1.100 millions d’années dans le précambrien jusqu’au crétacé de 60 à 70 millions d’années. Les plus anciens diamants ont été découverts en Australie avec un âge étonnant de 4,25 milliards d’années, sachant que notre Terre n’a « que » 4,5 milliards d’années.
 
* Tuf : roche formée par accumulation de projections volcaniques en fragments de quelques millimètres (roche pyroclastique à lapillis dominants), pouvant contenir des blocs ou des cendres, et consolidée sous l'action de l'eau.