Glyptique, la gravure sur pierre dure | FR

La glyptique ou le ciselage des minéraux et pierres précieuses connaît un regain d'intérêt. Venu des États-Unis et d'Extrême-Orient sous le nom de "Carving", cette technique ancienne réunit toutes les maîtrises de la taille de la roche.

Pourtant un des centres les plus importants se situe en Allemagne à Idar-Oberstein, où l'on pratique cet art depuis plusieurs siècles. Sur l’agate, le lapis, la malachite etc... La raison en est qu’au courant de la période romane et médiévale, on trouvait des agates le long de la rivière la Nahe qui traversait le village. Le site est de puis longtemps épuisé. Mais les habitants de cette région, connu pour la taille des pierres précieuses, sont partis à la recherche de nouvelles sources d’approvisionnement e.a. le Brésil.
 
Un autre centre européen est Torre del Greco près de Naples en Italie, où l'on pratique principalement cette technique des « camées » sur coquillage ou du corail depuis la période romaine. Le nom de glyptique vient du grec "Gluptikê" qui veut dire art de graver. Les grecs étant aussi devenu les maîtres dans cet art, s’installèrent à Torre del Greco. Depuis que l'homme s'intéressa à la taille et le polissage des pierres fines, à l'époque assyrienne et égyptienne, il pratiqua la gravure sur malachite, lapis et carnéole. Les fameux scarabées, faucons et autres symboles étaient ciselés, soit en profondeur, soit en relief.

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L’Égypte, qui fut le berceau de la croyance du pouvoir des amulettes et des phylactères (nom que les anciens donnaient aux amulettes qu’ils portaient sur eux pour se préserver de quelque mal) de toute sorte, et où fleurirent avec tant d'expansion les pratiques superstitieuses les plus singulières, devait voir se développer de bonne heure l'art qui, par son essence même, était le plus propre à fournir à chaque individu les éléments matériels du symbolisme religieux ou magique.
 
Le premier grand nom de cet art nous parvient en 740 avant J.-C., Théodore de Samos qui grava une émeraude. Pyrgotéles au temps d’Alexandre, exécuta un magnifique camée. L'Amour et Psyché sont gravés par Tryphon. Par la suite les Étrusques et les Romains continuèrent à pratiquer cet art qui connut son apogée au temps de l'empereur Auguste. Discoridès grava la tête de Caligula, car les Grecs étaient passés maître à cette époque. Il nous en reste plusieurs merveilles dont les 2 plus importantes sont le "Grand Camée" et le "Camée d'Auguste". Malheureusement l'art se perd sous le règne de Tibère et l'on doit attendre le XVe siècle pour retrouver un regain d'intérêt. Le XVII et XIXe siècle s'avérèrent être le siècle d'or de cet art, avec des artistes renommés comme Jeuffroy et Ponscalme, de grands portraitistes français comme Coldore, Maurice François, Julien Barrier, Jacques Guay et bien d'autres.
 
En Italie, lors de la Renaissance, l’on pratiqua la glyptique à Rome, Venise et Florence, qui enrichit les célèbres collections du Pape Paul III et de Laurent le Magnifique dont l'effigie fut gravée sur un camée par l'artiste pisan Giovanni delle Cornivole, qui cisela aussi le portrait du prédicateur dominicain Savonarole.
 
La gravure est principalement faite sur des roches stratifiées, ce qui permet un jeu des différentes couleurs ou bandes de couleurs. Certaines gravures sont faites sur un minéral d'une seule couleur, par exemple, du lapis lazuli, la malachite ou l’onyx etc...
 
De grands coquillages sont à l'origine des camées, provenant des mers chaudes, le travail en est moins difficile, car la matière est moins dure. Le corail est lui aussi employé. Par la suite l'on choisit plutôt l'onyx stratifié, la cornaline, l'agate bandée ainsi que la sardoine, calcédoine, chrysoprase, hématite, le quartz, jaspe et l’ivoire. Cette énumération n'est pas limitative, mais ce sont bien les principales pierres employées.
 
L'outillage est un petit tour horizontal dans lequel l'on place différentes tiges ou forets diamantés de formes précises, cônes, disques, pointes, sphères, etc... de dimensions différentes. Les premiers tours étaient mis en mouvement à l’aide d’un archet, puis par des pédales. Actuellement le tour est, naturellement, actionné par un petit moteur électrique. Ainsi un graveur, qui a aussi le nom de lithoglyphe, a devant lui une centaine de pièces différentes. La vitesse du tour varie de 3 à 6000 trm. Les pointes en fer sont enduites de poudre de diamant abrasive, ou bien l’on utilise des pointes diamantées. Les forets de nombreuses variétés peuvent se ramener à trois types essentiels : la bouterolle ou trépan, dont l’extrémité arrondie perce droit, formant des cavités hémisphériques plus ou moins larges et profondes; la molette ou scie, sorte de petit disque à bords dentelés, qui tournant comme une roue, trace des lignes; la charnière ou ciseau courbe, qui creuse des sillons.
 
Le graveur tient la pièce bien fixée entre les mains et la pousse contre la pointe appropriée, une usure ce fait à l'endroit voulu. L'on a préalablement créé le motif en cire en relief, ce modèle est déposé dans un récipient avec de l'eau et l'on ne laisse en surface qu'une petite partie. Ainsi le graveur commence avec les parties à user selon le modèle et fait baisser progressivement le niveau du liquide. Si la pièce à graver est trop petite, l'on place celle-ci sur un bâton à l'aide de cire. Les pointes métalliques sont régulièrement enduites de poudre de diamant, mélangée à de l'huile, qui au fur et à mesure s'imprègne dans le métal. Le polissage s'effectue à l'aide de petites meules en cuir, en étain, en bois ou en coton enduites de poudre de polissage, le tripoli, ou différentes pâtes d’émeri selon le minéral à polir.
 
L'émeri et même le diamant mordent les pierres fines par le frottement, non point comme la lime ronge le fer, mais comme la goutte d'eau creuse le rocher. Il faut aussi longtemps pour graver un camée que pour bâtir une cathédrale nous raconte Ernest Babelon en 1894. L’art de la glyptique est le plus pénible et le plus rebutant de tous nous dits Natter. Aujourd'hui encore, pour donner à un bloc de jade tout son poli et tout son éclat, les Chinois ne reculent pas devant cinq ou six cents journées de main-d'œuvre. On cite des œuvres de glyptique qui ont demandé vingt années d'un labeur monotone, opiniâtre et incessant. Il s'est trouvé des artistes qui, vingt années durant, jour par jour, ont saisi dans leurs mains ces blocs de quartz, les appliquant, avec une obstination qui confine à la folie, sur ces petites tiges de fer enduites d'émeri, et contemplant à chaque minute les progrès, invisibles à l’œil nu, de leur œuvre antalgique ! Les esclaves qui ont gravé pour d'opulents maîtres le camée de l'Apothéose d'Auguste ou la coupe des Ptolémées ont donné de ces exemples de patience presque surhumaine. Le camée de l'Apothéose de Napoléon Ier, œuvre d’Adolphe David, commencé en 1861, n'a été achevé qu'en 1874.
 
Au XVIIIe siècle, deux hommes d'expérience, Mariette et Natter, écrivirent des traités de la gravure en pierres fines, et les procédés qu'ils exposent sont intéressants à rapprocher de ceux que Pline a décrits. Natter était lui même un graveur de grand mérite ; quant à Mariette, il raconte la manière de graver les pierres fines, telle qu'il l'a vue pratiquer par Jacques Guay, le plus habile des artistes en ce genre dont s'honore le XVIIIe siècle; il a même, dans un curieux dessin que nous reproduisons ici, représenté à son établi, celui qui fut le maître et le protégé de Mme de Pompadour.
 
Actuellement l'emploi de flexibles permet une plus grande liberté, certainement en ce qui concerne les pièces plus grosses, comme les statuettes ou les vases. On a développé des méthodes artificielles pour reproduire des camées, mais on les exécutent également en verre, spécialement à l’époque hellénistique et au XIXe siècle.